GRAINE D’URBANITÉ
INTRODUCTION À L’URBANISME TRANSITOIRE SUR LE SITE DU MÔLE DE LA CITADELLE
Commanditaires et Partenaires :
Temporalité du projet :
Septembre 2018
Localité :
Strasbourg
Outils et Compétences :
Workshop
Co-conception
Urbanisme transitoire
LE PROJET EN RÉSUMÉ
En septembre 2018, nous sommes intervenus auprès de l’INSA Strasbourg pour encadrer durant un mois des « charrettes portuaires » ; une expérience pédagogique alternative mêlant diagnostic sensible et outils de co-conception.
L’objectif :
Questionner le devenir du môle de la Citadelle à travers un projet inclusif, basé sur des ateliers in situ et différents temps de dialogue avec les habitants et les acteurs locaux, pour finalement proposer un projet commun à 42.
Durant ce mois de travail, une dynamique se met en place entre les étudiants de l’INSA et les acteurs du territoire qui échangent leurs points de vue et explorent ensemble le champ des possibles. En travaillant sur l’impensé du projet urbain, en associant paysage et vision de société, en reliant l’esprit d’un lieu autrefois portuaire aux usages de demain, le site devient le support d’activités multiples : portuaires, de loisir, de vie de quartier. Un imaginaire commun commence à émerger, mêlant passé et futur et faisant de l’humain et du temps la matière première de l’exercice. Ce projet, qui se voulait être un exercice pédagogique avant tout, a également permis de soumettre aux élus des idées originales et pertinentes dont certaines ont pu influencer les prises de décisions.
Un processus inclusif de création
Pendant un mois, nous avons réfléchi avec 42 étudiants à l’avenir du môle de la citadelle, pièce de ville enclavée entre la vieille ville, le quartier du Neudorf, le quartier étudiant, le parc de la Citadelle et le port du Rhin, nouveau quartier en développement de Strasbourg.
Répartis tout au long de la charrette dans différents groupes, les étudiants ont réalisé un diagnostic urbain, patrimonial et socio-économique permettant d’établir une proposition d’urbanisme transitoire. Le but était de préparer le quartier à sa transformation planifiée dans le projet urbain du port du Rhin.
Notre enjeu principal a été de créer un processus inclusif et une gouvernance collective, en adéquation avec les principes que Henri Lefebvre a développés dans son œuvre, Le Droit à la ville. L’exercice faisait partie, avec un colloque intitulé « prendre place », d’une réflexion sur cette oeuvre développé dans le cadre des 50 ans de sa publication. Dans ce projet, nous avons voulu créer une dynamique de groupe mêlant l’atmosphère pédagogique des charrettes (propre au début de l’année scolaire à l’INSA Strasbourg) et un système horizontal pour mener à bien un projet commun à 42 en un temps très court. La solution proposée a été une organisation collective en groupes croisés, permettant de diviser le travail sans créer de hiérarchie.
Les différents outils de création collective
Afin de construire ce groupe autonome, nous avons mis en place différents outils collectifs :
– des outils d’échanges en continu (maquette commune, zone d’affichage, présentations et rendus réguliers, conférences gesticulées) permettant de croiser les différents points de vue, de suivre l’avancée des autres groupes et d’intervenir sans ralentir le rythme du groupe entier ;
– des outils de co-gestion (budget commun, bibliothèque partagée, plateforme d’échange sur les réseaux sociaux) permettant de faire émerger un collectif en responsabilisant l’ensemble des membres du groupe ;
– des outils d’éducation populaire (energizers, outils de discussion démocratique, brainstormings quotidiens, retours d’expérience en fin de mois) permettant de créer un cadre convivial de travail et de questionner les décisions prises ensemble ;
– des moments d’échanges informels (pique-nique, soirée de récolte de fonds…).
Un exercice de concertation citoyenne
La cellule de réflexion prête, il nous a fallu répondre à la question suivante : comment réactiver le môle de la Citadelle, une enclave à la fois urbaine et sociale ?
S’inscrivant dans le projet urbain de la ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) des deux-Rives, le projet que nous avons mené avec les étudiants de l’INSA devait être transitoire. L’intérêt était donc double : enseigner l’architecture transitoire aux étudiants et apporter à la SPL des deux-Rives, en charge du projet urbain du port du Rhin, une vision nouvelle de la zone pour orienter le futur développement du quartier. C’est pourquoi nous avons décidé de faire de ce projet un exercice de concertation citoyenne et d’enquête publique.
Afin de répondre à ces problématiques, trois grands axes ont été définis, approfondis et entrecroisés :
– « La ville portuaire » introduisant la dimension urbaine du site, son passé et son devenir, afin de résoudre la problématique d’enclave urbaine, en proposant des aménagements paysagers et architecturaux à grande échelle ;
– « Habiter le môle » questionnant les usages actuels afin de proposer des actions transitoires permettant la réactivation du site et la requalification du patrimoine existant ;
– « Espace public » s’intéressant à la strate humaine du projet, afin de résoudre la problématique d’enclave sociale en engageant un dialogue public et une concertation citoyenne.
Nous avons approfondi ces axes lors de 3 tables rondes, auxquelles ont été conviés les principaux acteurs locaux. De nombreuses conférences et diffusions de films ont également eu lieu tout au long du projet dans le but d’apporter un support technique et théorique aux étudiants.
Les actions à mettre en place
Après une mise en commun de l’ensemble des travaux lors d’un exercice ludique autour d’une maquette et d’une frise, le rendu final s’est présenté sous forme d’actions à mettre en place sur site. Ces actions ont été réparties dans l’espace sur les maquettes selon 3 temporalités différentes : Demain (d’aujourd’hui à 2 ans), Après-demain (de 2 à 10 ans) et Après 10 ans. Une frise permettait également de situer les différentes actions dans le temps, les unes par rapport aux autres.
Quelques exemples d’actions à mettre en place :
– Activités portuaires : redonner de la visibilité aux berges Nord du site pour préparer l’arrivée d’un potentiel port de plaisance, nécessaire à Strasbourg.
– Darse : Coloniser l’eau pour en faire le centre d’activité de la zone.
– Festival : organiser un festival en association avec un acteur local pour rénover le site petit à petit, créer une signalétique et un imaginaire autour du môle de la citadelle.
– Association : mettre en place progressivement une association de quartier dans la maison au cœur du site qui s’occupe de la gestion des activités transitoires et du retour auprès du public sur l’avancement de l’expérience.
– Maison : définir l’évolution de la maison en fonction des différentes occupations (local associatif, cantine de chantier, restaurant, maison de quartier…).
– Talus : aménager le Talus central du site pour transformer l’ancienne barrière naturelle en lieu de tissage et de rencontre.
L’ensemble du travail des étudiants a fait l’objet d’une présentation en amphithéâtre et d’une exposition, organisées dans le cadre des Journées de l’Architecture. La clôture d’un mois de travail intense, mais le début d’une aventure alternative et inclusive pour le môle de la Citadelle !
Merci aux acteurs locaux : M. Quiquandon du Batorama, M. Danet de l’Ososphère, M. Biry du CAUE67, Mme Lançon de Région Architecture et ENSAS, Mme Brockstedt de Energievie, Mmes Belhaj, Suma & Rudolf et MM Steiner & Grutter de l’INSA Strasbourg, Mme Frémeaux de la SPL des Deux-Rives, Mme Pacaud et M. Chenderowsky de l’Eurométropole de Strasbourg, Mme Blaison de l’ADEUS, Mme Gravier et M. Teinturier du Port Autonome de Strasbourg, M. Leymarie des Voies Navigables de France, M. Desgrandchamp de l’ACCRA et d’Horizome et Mme Ejnes du TJP et de la Ville est un théâtre.
Merci aux conférenciers : Sophie Suma — « Le droit à la ville », Dr. Félix Ekardt — « Sustainability after the Paris climate agreement : transformation, governance, law », Jéremy Waterkeyn & Rémi Buscot — « Processus participatifs et appropriation de l’espace », Thibault Boughedada — « Introduction aux politiques foncières et au développement territorial », Noé Basch — « Énergie, climat et réemploi », Guillaume Isnard — « Dynamique de groupe » et Mme Fluhr — « Rivages »
Et merci surtout à tous les étudiants qui nous ont fait tenir jusqu’à la fin de mois de charrette grâce à leur bonne humeur !!!