Commanditaire et Partenaires :

Ville de Strasbourg

EuroMétropole de Strasbourg

Horizome

Temporalité du projet :

2023

Localité :

Hautepierre

Outils et compétences :

Concertation

Co-conception

Chantier participatif

LE PROJET EN RESUME

En mai 2023, l’Atelier NA et Horizome ont répondu à un Marché de Prestation intellectuelle lancé par la ville de Strasbourg. Il s’agissait de Missions d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage pour la concertation et l’encadrement d’un chantier participatif sur la Maille Brigitte dans le quartier de Hautepierre à Strasbourg.

Ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme de Renouvellement Urbain (PRU) du quartier de Hautepierre, porté par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg. Il a était publié par la Direction espaces publics et naturels (DEPN) de la Ville de Strasbourg et porté conjointement avec la Direction de Territoire Conenbourg-Hautepierre-Poteries-Hobherg de la Ville de Strasbourg.

Les objectifs de cet appel à projets étaient multiples :

– définir avec les habitants les aménagements qui pourraient être menés à terme sur les espaces publics du cœur de la maille Brigitte au travers d’ateliers de concertation ;

– élaborer un principe d’aménagement de ces triangles en lien avec les opérations récentes et futures de court, moyen et long termes ;

– dans le cadre d’un chantier participatif, réaliser des aménagements provisoires permettant de préfigurer les aménagements futurs qui seront réalisés sur le secteur.

Ce projet a été l’occasion d’une collaboration et d’un partage de connaissances et d’expériences. Pour nous, l’enjeu était avant tout d’encourager les habitants et habitantes du quartier de la Maille Brigitte à s’approprier leur quartier en prenant part à la conception et la réalisation du projet.

Le calendrier du projet

Le projet a commencé en juillet 2023 et s’est terminé en octobre 2023. Il s’est déroulé en trois temps.

• Juillet à septembre : la phase de concertation : pendant l’été, nous sommes allés à la rencontre des habitants en faisant des opérations de porte-à-porte, en organisant des rencontres et des événements et en élaborant différents outils de médiation. Les informations recueillies nous ont permis d’envoyer un premier diagnostic à la ville de Strasbourg et la Direction de territoire à la fin du mois de juillet.

• Septembre et octobre : la phase de conception : pendant l’ensemble du mois de septembre, nous avons dessiné un projet à partir des informations recueillies lors de la phase de concertation. Le 4 octobre, nous avons organisé une rencontre avec les habitants et habitantes du quartier pendant laquelle nous avons présenté nos différentes idées en utilisant des outils de co-conception, notamment une maquette.

• Octobre : la phase de co-construction : à la fin du mois d’octobre, nous avons organisé un chantier participatif d’une semaine pour construire avec les habitants et les habitantes les éléments retenus lors de la phase de co-conception. L’inauguration de ces installations a eu lieu le 24 octobre.

La phase de concertation

Ce projet s’inscrit dans une s’inscrit dans le Programme de Renouvellement Urbain (PRU) du quartier de Hautepierre, politique de transformation de la maille Brigitte qui s’étendra jusqu’en 2028. La phase de concertation était donc primordiale : il s’agissait à la fois d’accompagner les habitants et habitantes dans la définition des aménagements temporaires que nous avons réalisés avec eux, mais aussi de préfigurer à partir de leurs retours les aménagements définitifs qui seront installés à terme.

De juillet à septembre, nous avons mis en place cette démarche de concertation auprès des habitants et habitantes du quartier, en utilisant plusieurs méthodes.

• Le porte à porte

• Des évènements de quartier

• Les rencontres avec les acteurs du territoire

À partir du bilan de la phase de concertation, nous avons modifié le planning prévu pour la phase de conception. En effet, il nous est apparu plus judicieux d’axer plus rapidement le projet sur des éléments concrets.

À la place des ateliers de co-conception, nous avons réalisé nous-mêmes plusieurs scénarios de conception à partir des données collectées lors des sessions de concertation. Nous les avons ensuite présentés à la maîtrise d’ouvrage qui a choisi l’un d’entre eux. Puis, nous l’avons décliné en plusieurs alternatives, que nous avons exposées aux habitants, qui ont pu les critiques, les valider ou les refuser.

Il nous a en effet semblé plus pertinent de tester plusieurs solutions alternatives sur place pour avoir un avis éclairé lors de la validation des plans.

Parallèlement à la phase de concertation avec les habitants, nous avions procédé à une analyse du site. Nous avons ainsi dégagé plusieurs éléments clés :

– le site se caractérise par ses flux piétons traversants ;

– on peut distinguer deux zones : la partie végétale et la partie minérale ; la deuxième constituant une zone de crispation (cf. La nécessité de dédoubler le projet)

– le sol de la zone est difficilement utilisable pour poser des fondations stables ;

– le muret qui se trouve au sud de la zone tient une place symbolique dans l’imaginaire du quartier et est notamment fréquemment utilisé par les collégiens et collégiennes.

Ces observations associées au bilan de la phase de concertation nous ont permis d’élaborer trois scénarios de conception.

Après avoir présenté ces différentes options à la Direction territoriale et au vu des contraintes techniques posées par le chantier, nous avons décidé de choisir le scénario 2. Nous l’avons donc décliné en plusieurs alternatives que nous avons présentées aux habitants lors d’une réunion de co-conception, qui a eu lieu le 4 octobre 2023.

L’objectif de cette réunion était de donner aux habitants et aux habitantes des moyens de s’impliquer dans le projet (qu’ils souhaitent prendre part au chantier participatif ou non) et donc de se l’approprier.

Nous avons donc réalisé cette rencontre autour de plusieurs outils de co-conception :

• une maquette des assises

• des plans interactifs de la scenette

• des fiches ludiques, basées sur le jeu littéraire “portrait chinois”.

Ces outils de co-conception ont offert aux habitants des supports concrets propices à la discussion et au jeu. Pour les usagers, nous pensons que ça a contribué à l’appropriation du projet. Pour nous, ça a été l’occasion de recueillir des avis précieux.

Le retour sur la maquette d’assises a été particulièrement enrichissant : il nous a permis de revoir l’implantation des assises et de prendre en compte de nouvelles problématiques (éclatement de la zone de transat, rapprochement à l’arbre, installation d’un banc « pour les collégiennes » à l’ouest du site loin des bancs « des collégiens »…).

Le chantier participatif

Le chantier participatif s’est déroulé sur une semaine (du 17 au 24 octobre) pendant laquelle nous avons construit quatre assises et une scène de spectacle avec un fond de scène.

Pour faciliter le déroulement du chantier participatif, nous avons adopté un seul principe de construction pour les différentes installations.

La plupart des installations ont été fixées sur le muret ou sur des parpaings posés sur le sol. Les participantes nous ont notamment aidés à faire des trous dans le muret.

Les structures des installations ont été construites en tasseaux de bois. Les participantes ont beaucoup apprécié cette étape qui permettait d’utiliser des outils de découpe et de montage, d’apparence impressionnante mais faciles d’utilisation. Les structures étant rapides à construire, les bénévoles ont aussi eu la satisfaction de pouvoir les réaliser de A à Z et de voir le rendu final.

Les surfaces horizontales ont été recouvertes par des panneaux de bois (antidérapants pour la scène, 3 plis pour les assises), ce qui donne un résultat propre et facile à balayer. Il faut noter cependant qu’en automne les feuilles s’y accumulent.

Les parties verticales ont été recouvertes d’une palissade composée de planches posées à la verticale. Bien qu’une ligne médiane soit implicitement suggérée par la structure intérieure, les participantes pouvaient choisir la hauteur de chaque planche. L’association entre un principe constructif simple et répétitif et une certaine liberté dans la constitution du motif de la palissade en faisait un ouvrage idéal pour un chantier participatif.

Le format de chantier participatif nous a permis d’avoir différents types d’interactions avec les habitants et les habitantes. Pendant toute la semaine, trois à cinq intervenants d’Atelier Na s’occupaient de la gestion du chantier.

Les participantes du chantier

Au cours du chantier, une dizaine de femmes sont venues nous prêter main forte, principalement des collégiennes. Nous aurions aimé avoir un peu plus de participants, mais les mauvaises conditions météorologiques ont découragé de nombreuses personnes.

De manière générale, lors de nos chantiers participatifs, nous avons l’habitude d’avoir une grande majorité de participantes. En effet, pour de nombreuses femmes, le chantier participatif offre un cadre privilégié d’apprentissage et de pratique du bricolage, un contexte dans lequel elles peuvent s’investir sans être jugées et sans forcément avoir d’expérience préalable. Pendant ce chantier participatif, elles nous ont dit avoir apprécié d’apprendre à manier des outils et à sélectionner le bois.

Le format participatif nous a donné l’opportunité de créer du lien avec les futures usagères du lieu et d’adapter la construction aux envies des participantes. Par exemple, le découpage « HTP » a été proposé et réalisé par une collégienne qui a participé au chantier du début à la fin.

Les passants et passantes

Pendant toute la semaine de chantier participatif, nous avons eu l’occasion d’échanger avec de nombreux passants, qui nous lançaient des remarques à la va-vite ou s’arrêtaient pour discuter un peu avec nous. Nous avons pris note de leurs différentes réactions et nous les avons compilées dans l’annexe « Citations et témoignages des habitants de la Maille Brigitte ».

Nous avons ainsi pu dégager certaines tendances. Nous avons noté de nombreuses réactions enthousiastes : certaines personnes étaient heureuses qu’il se passe quelque chose dans le quartier, que l’on fasse quelque chose pour eux, qu’il y ait bientôt des espaces pour se reposer, pour échanger.

D’autres personnes se sont au contraire montrées pessimistes. Certains considèrent que les installations ne dureront pas, qu’elles ne seront pas entretenues ou même qu’elles seront vandalisées ou détruites. D’autres étaient même opposés au projet, considérant que l’espace allait encourager le trafic et être utilisé par des dealeurs de drogue (dans le sens inverse, nous avons aussi eu des retours de jeunes disant que les installations seraient démontées par la police qui les considèreraient comme des zones de trafic). Dans nos différents échanges, nous avons particulièrement remarqué une fracture générationnelle et sociale entre certains habitants et habitantes et des conflits latents.

La question du muret est aussi revenue à de nombreuses reprises. Des habitants nous ont fait remonter le besoin d’ouvrir le muret pour pouvoir le franchir sans avoir à le contourner (ce qui prend du temps et peut être dangereux à cause de la route). Nous avons transmis cette demande à la Direction territoriale qui a prévu d’intervenir prochainement sur le muret.

Les trois phases (concertation, conception et construction) de ce projet nous ont permis d’aller à la rencontre des habitants, d’acquérir une compréhension fine du territoire et des enjeux qu’il cristallise et d’imaginer des possibilités d’aménagements adaptés.