De l’éCLUSE 85 à L’ORéE 85
CO-CONCEPTION ET CO-REALISATION D’UN TIERS LIEU ECO-RESPONSABLE
Commanditaire et Partenaires :
Entreprises chantier :
Fondations : Technopieux Nord Alsace
Charpente : HYLÊ EcoConstruction
Gros oeuvre/plâtrerie/peinture/Carrelage : NASS
Électricité : Électricité DNR
Sanitaire Chauffage Ventilation : DOLLINGER
Menuiseries : Menuiserie Sengler
Serrurerie : La Forgerie
Cuisine & Bar : Tech des Brasseurs
Temporalité du projet :
De mars 2020 à mai 2022
Localité :
Strasbourg, Meinau
Outils et compétences :
Co-conception
Maîtrise d’œuvre
Chantier participatif
Matériaux de réemploi
LE PROJET EN RÉSUMÉ
L’Orée 85 est né de la volonté de Lola, Manon et Maxime d’ouvrir un lieu accessible à tous·tes. Ils cherchaient déjà un bâtiment depuis quelque temps quand ils répondent en 2020 à un appel à projets porté par la VNF pour l’occupation d’une maison éclusière. L’ancienne habitation vacante à proximité directe de l’écluse 85 les séduit. L’appel d’offres est gagné fin 2022 et la grande aventure peut commencer !
Nous avons accompagné ce projet de sa genèse à sa livraison, en réalisant avec eux des ateliers de co-conception, la conception architecturale, le chiffrage, le dépôt du permis de construire, le choix des entreprises, le suivi de chantier, des chantiers participatifs et des visites du lieu avant son ouverture. Ce projet a été l’occasion pour nous d’expérimenter un encadrement de création de tiers-lieu de A à Z.
Animés par une véritable conscience écologique et sociale, Lola, Manon et Maxime ont insisté (et nous les avons suivis de bon cœur !) pour utiliser un maximum de matériaux biosourcés et de réemploi. Nous avons ainsi pu expérimenter de nouveaux processus de conception et de nouvelles manières de construire.
Cette démarche écologique et sociale est aujourd’hui imprégnée dans les pierres du bâtiment, en symbiose avec les volontés initiales du projet.
Ateliers de co-conception
La co-conception s’est faite en deux temps.
D’abord, il a fallu préparer le dossier d’appel d’offres. Lors de deux réunions, nous avons aidé Lola, Manon et Maxime à hiérarchiser leurs envies, définir leurs partenaires principaux et préciser leur programme. À partir des idées amenées en vrac par chacun·e, il fallait aboutir à un projet cohérent.
Une fois l’appel à projets gagné, lors du second temps, il a fallu confronter nos idées avec l’espace disponible et commencer à les spatialiser. Plusieurs réunions sur place avec le cuisinier et les usagers ont permis d’affiner le plan, de dimensionner la taille du bar, de décider de la position de chaque élément (les toilettes, la porte d’entrée, la véranda, la terrasse, etc.).
Le budget étant très limité et l’espace également, il était important que les futurs usagers comprennent l’enjeu de chaque décision et les conséquences qu’elles allaient avoir sur leur quotidien.
Cette démarche de co-conception a permis de créer des lieux de travail optimisés en adéquation avec les manières de travailler de chacun. Par ailleurs, les gérants ayant participé activement au processus de conception, ils pourront plus facilement envisager des modifications de l’espace en fonction de l’évolution de leurs usages.
Matériaux de réemploi & matériaux biosourcés
La problématique de l’impact climatique du projet était essentielle pour nous. La question de l’origine et de la nature des matériaux a donc été centrale dans nos réflexions.
Quatre axes ont été étudiés :
– une intervention légère : le meilleur moyen de diminuer l’impact de la construction d’un bâtiment est simplement… de ne pas construire ! Nous disposions ici d’un bâtiment en grès avec de nombreux avantages intrinsèques (forte inertie thermique, isolation intérieure partielle, toiture en bon état…). Nous avons pris le parti de fondre le programme dans le bâtiment en respectant son système constructif, d’adapter le programme au bâti et non l’inverse.
– le réemploi in situ : certainement le moyen de construire avec le plus bas coût carbone, le réemploi in situ consiste à réutiliser sur place des éléments de l’ancien bâtiment. Ainsi nous avons récupéré la porte d’entrée non PMR (Personnes à Mobilités Réduites) que nous avons adaptée en porte PMR et placée à l’entrée de la véranda, nous avons recyclé les morceaux de grès du mur pour les fondations de l’escalier et pour la rampe extérieure et nous avons réutilisé un lavabo et les deux WC. L’un deux a été posé sur un socle pour répondre aux normes PMR.
– le réemploi hors site : organisés par BOMA et par le MOA en coordination avec le maître d’œuvre, de nombreux éléments ont été récupérés de plusieurs chantiers de déconstruction en Alsace. Pour n’en citer que quelques-uns : escalier caillebotis (escalier extérieur), tasseaux de bois (bardage bois et structure du torchis), double vitrage (toiture et allèges fenêtres, véranda), mains courantes d’escalier (assises intérieures, étagère et barrière extérieure), contreplaqué de coffrage (structure meuble cuisine), vasque (toilettes), frigidaire 3 portes (bar), parquet bois (sol véranda), mosaïque (sol toilettes étage), carrelage (mobilier cuisine), panneaux métalliques (ciel de bar), luminaires, etc.
– les matériaux biosourcés : les matériaux qui n’ont pas pu être réemployés sont biosourcés pour la plupart. Les éléments de structure étant essentiellement en bois (structure terrasse, véranda et mur porteur étage), ainsi que les revêtements de sol (terrasse), les habillages intérieurs et le bar ont été faits en torchis (terre/paille) sur une ossature bois. Ils ont ensuite été enduits en terre sable, puis blanchis à la chaux. L’isolation (sol et murs de la véranda) a été faite en laine de bois. Les menuiseries intérieures et extérieures neuves ont été réalisées en bois.
Certaines normes et le budget nous ont contraints à choisir des éléments avec un coût carbone plus important (matériel de cuisine, chape du RDC, structure acier de reprise d’un mur porteur, cloisons en BA13, matériel électrique). Cependant le poids de ces éléments est relativement faible, puisqu’il ne représente qu’un quart des nouveaux matériaux de l’ensemble du projet.
Les diagrammes ci-dessous recensent les masses des différents types de matériaux utilisés & leurs origines. Ils ont été réalisés à partir de la modélisation du bâtiment et du calcul des masses des éléments de second œuvre ajoutés. Les pourcentages sont donc des estimations à comparer entre eux plutôt qu’à considérer au sens strict.
chantiers participatif - poulailler
En septembre 2021, nous avons animé un chantier participatif de 2 jours pour construire un poulailler. L’emplacement avait été défini en amont : il sert à créer une limite entre le jardin accessible au public et le potager qui doit rester plus isolé. Pour ce chantier, nous disposions de portes de réemploi récupérées par BoMa.
Conçu pour accueillir 4 ou 5 poules, le poulailler est équipé d’une porte accessible aux humains et d’une trappe réservée aux gallinacés. Il dispose également d’une ouverture sur les nichoirs qui permet de récupérer les œufs sans déranger les couveuses.
chantiers participatif - torchis
Ce chantier participatif a été réalisé en collaboration avec Lowarchitech. Il s’agissait de créer différents éléments en torchis dans la salle principale : le bar, un élément de mobilier comprenant des assises et des niches, un meuble à vrac et la rampe d’escalier.
Le chantier a été divisé en 4 étapes (tressage & structure, terre paille, engobage, enduisage chaux) entre janvier et avril 2022. Selon les phases du chantier, entre 5 et 15 bénévoles ont participé sur des périodes de 2 à 9 jours.