Commanditaire et Partenaires :

INSA Strasbourg

Prototip, Halles Citadelle

Temporalité du projet :

De janvier à juin 2022

Localité :

Strasbourg

Outils et compétences :

Workshop

Matériaux de réemploi

LE PROJET EN RÉSUMÉ

Dans le cadre de la restructuration de l’INSA Strasbourg, une nouvelle aile a été construite pour les architectes. L’ancien bâtiment devait être vidé de tout son contenu avant les travaux. L’INSA nous a donc demandé d’organiser un temps de réflexion, en janvier 2022, sur le devenir du mobilier et des éléments de second œuvre. Les étudiants ont réalisé des prototypes et un diagnostic réemploi. Ce premier moment a également été l’occasion de réfléchir sur la manière dont les nouveaux travaux s’étaient organisés, sans beaucoup de concertation avec les étudiants et sans réflexion autour des anciens matériaux.

Un deuxième temps a pu être organisé en juin 2022, sous l’impulsion du département architecture de l’école et de quelques étudiants. Cette fois-ci, le chantier commençant début juillet, il s’agissait de sauver le plus de matériaux possible ! Par équipes tournantes, les étudiants et étudiantes ont organisé la collecte de plus de 8 tonnes de matériaux par plusieurs associations.

Le diagnostic

L’objectif était de faire un état des lieux de l’ensemble des objets/matériaux présents dans les ateliers. Nous avons donc dressé un compte rendu sous forme d’inventaire, recensant leur état, leur quantité, leurs possibilités de réemploi, ainsi que la couleur des post-its attribuée par l’INSA correspondant à ce que l’école voulait conserver ou non…

Les temps de réflexion

Pendant le séminaire, nous avons également pris le temps de discuter autour du réemploi. Ces temps de réflexion ont permis de faire émerger des questionnements et des débats sur les limites perçues, les solutions à envisager, etc. Des outils d’éducation populaire, comme la Quescution (discussion faite uniquement de questions), ont permis de mieux appréhender les enjeux du réemploi et le chemin qu’il reste à parcourir pour le déployer plus largement. 

Nous avons également présenté plusieurs projets réalisés par l’Atelier NA ou par d’autres architectes, pour contextualiser le fonctionnement actuel du monde du bâtiment et la place qu’a le réemploi.

Le prototypage

Ce troisième temps a permis aux étudiants de se confronter physiquement à la matière. Le réemploi de mobilier est complexe, car il s’agit d’éléments finis et un bon niveau de propreté est assez difficile à obtenir avec des matériaux parfois abîmés, voire très abîmés.

Une demi-douzaine de prototypes très variés ont été construits : bureau, stock à carton, porte-manteau, éléments de rangements modulables, assises, bacs à fleurs… 

Certains éléments ont été installés dans le nouveau département architecture où ils servent aujourd’hui à de nouveaux étudiants.

Après notre intervention de janvier, les étudiants et les professeurs du département architecture ont insisté auprès de l’administration pour planifier un second temps de « sauvetage ». Nous avons donc organisé une semaine d’intervention et pris contact avec plusieurs associations de Strasbourg et des alentours pour leur proposer de venir chercher des objets ou matériaux. Nous avons également proposé aux Halles Citadelles (via l’association Prototip) que les étudiants construisent des éléments de mobilier pour leur nouveau local des Halles citadelle.

Le sauvetage de matériaux

Pendant la semaine, les étudiants se sont donc répartis en 3 groupes : les deux premiers construisaient des projets de mobilier et le troisième s’occupait de la permanence. Pour ce dernier, il s’agissait de noter et peser tous les éléments que les associations emportaient afin de pouvoir connaître le poids total et le nombre d’éléments sauvés de la benne. Une rotation entre les groupes était organisée pour que tout le monde puisse avancer sur ses projets de prototype au même rythme et toucher à tout.

Au total, plus de 500 éléments ont été emportés par une quinzaine de structures. C’est-à-dire plus de 5 tonnes d’acier, 3 tonnes de bois et 400 kg de plastique qui ont aujourd’hui trouvé un nouvel usage. Nous avons fait une carte pour situer les acteurs strasbourgeois qui sont venus récupérer des matériaux. 

La construction de mobilier

Concernant le mobilier, Prototip nous avait proposé de construire des éléments d’affichage et d’exposition pouvant servir à la fois à des concept-stores ou à des expositions d’artistes. 

Nous avons donc construit : 

– une table basse mobile qui se replie en coffre roulant ; 

– un comptoir à roulettes qui s’ouvre pour permettre le rangement et l’affichage d’éléments ;

– un paravent pouvant aussi servir de penderie pour une vente de vêtements et d’espace d’exposition pour des objets. 

Ces meubles ont aujourd’hui trouvé leur place aux Halles Citadelle.

Les étudiants et étudiantes ont écrit un article à publier sur le blog de l’INSA. Nous avons décidé de le partager aussi ici :

Chaque année, les étudiants architectes de l’école participent à des séminaires abordant des sujets divers et variés. Certains d’entre nous ont choisi de participer au séminaire réemploi animé par l’Atelier NA. En effet, ce sujet nous semblait particulièrement approprié, considérant le contexte actuel. Nous pensions pouvoir concevoir des prototypes qui par la suite seraient utilisés comme mobilier pour le nouveau bâtiment flambant neuf. Malheureusement, nous avons vite réalisé que la totalité du mobilier avait déjà été achetée. Nous avons donc pratiqué, durant une semaine, le réemploi à but purement récréatif, celui-ci n’ayant pas sa place dans la nouvelle vitrine aseptisée de l’INSA.

Comprenant nos critiques, le département architecture a tenu à organiser un nouveau workshop durant le mois de juin de la même année. Ce dernier est organisé par la même équipe de l’Atelier NA. Nos réalisations seront cette fois-ci exportées vers un projet de chantier participatif de Strasbourg : le Phare Citadelle. Elles rendront service aux usagers de ce tiers lieu qui accueillera entre autres un bar/restaurant, des ateliers d’artistes et des espaces événementiels évolutifs. Le but était donc de créer du mobilier modulable et déplaçable pour permettre des appropriations multiples.

Parallèlement, des associations de Strasbourg et ses environs liées à la culture, l’économie sociale et solidaire et l’artisanat sont venues récupérer la majorité du mobilier laissé dans les anciens ateliers. Ainsi, plus de 8 tonnes de matériaux ont été sauvées de la benne in extremis. On peut donc dire que nous avons réussi à « sauver les meubles » !