Université d’été
Expérimentation constructive en réemploi pour la réalisation d’un bar éphémère à l’Orée 85
Commanditaire et Partenaires :
Les BOnnes MAtières
Eurométropole de Strasbourg
Temporalité du projet :
Été 2021
Localité :
Orée 85
Outils et compétences :
Université d’été
Workshop
Matériaux de réemploi
Conception paramétrique
LE PROJET EN RÉSUMÉ
À l’été 2021, nous avons organisé, en collaboration avec BOMA, une université d’été autour de matériaux de réemploi. Cette université d’été, à visée expérimentale, avait pour objectif de réaliser des tests sur l’utilisation et la mise en œuvre de matériaux récupérés. Le but était également de faire participer, pendant deux semaines, une quinzaine d’étudiantes en architecture et en design à la conception et à la réalisation de cette expérimentation constructive à l’échelle 1.
Cette université d’été a été financée par l’Eurométrople de Strasbourg et l’ADEME et a pris place dans le jardin de l’Orée 85, lequel avait un site et une problématique à nous proposer. Le sujet consistait à réaliser, à partir d’un maximum de matériaux de réemploi, un bar extérieur éphémère avec une partie couverte. Il devait permettre de tester les possibilités de développement de la filière réemploi, les impacts de l’utilisation de ces matériaux sur la conception architecturale, ainsi que de se confronter à des problématiques de mise en œuvre des matériaux.
Le dessin de la construction a été réalisé majoritairement en amont du workshop à partir de gisements de matériaux aux quantités limitées, fournis par BOMA, achetés à l’art et la matière à Mulhouse ou récupérés directement sur le site de l’Orée 85.
L’utilisation d’outils de design paramétrique a permis d’optimiser la forme et les dimensions du projet aux quantités disponibles en essayant de minimiser les chutes de matières. Le bar a été réalisé quasiment exclusivement en matériaux de réemploi et tous les assemblages ont été conçus pour être démontables, favorisant une vision de la construction où la réversibilité des éléments est primordiale.
Matériaux utilisés
Pour concevoir ce projet, nous sommes partis des matériaux comme base de recherche. Après avoir visité le stock de BOMA, nous avons sélectionné et quantifié les matériaux qui pouvaient être utiles au projet en fonction de leurs caractéristiques techniques (et notamment leur résistance aux intempéries extérieures). Nous avons travaillé différentes esquisses et nous avons finalement décidé de partir sur l’idée de détourner des chemins de câbles usagés. Pour jouer sur une expression architecturale métallique, légère et filaire, nous avons allié aux chemins de câbles le grillage extérieur du jardin de l’Orée 85 qui avait vocation à être remplacé. Nous avons donc proposé de le déposer nous même lors de l’université d’été pour le réintégrer à notre projet et pour avoir, ainsi, une part de réemploi in situ. Cette forme de réemploi est la plus écologique car elle ne nécessite pas de transport de matériaux. L’ancien grillage du site est alors devenu la peau du bar éphémère.
Dans le stock de BOMA, nous avions également noté que des lattes de terrasse extérieure étaient présentes. Ce matériau, en quantité insuffisante pour être utilisé sur la plupart des projets de terrasse extérieure, a été utilisé pour réaliser les assises et comptoir du bar temporaire. Les éléments de couverture, en PMMA de faible épaisseur, ont été récupérés à l’art et la matière, à Mulhouse, un espace de revente de matériaux de réemploi. Nous avons ensuite consolidé ces plaques par des cornières que BOMA avait pu se procurer et qui étaient issues d’un reste de chantier (elles n’avaient donc jamais été utilisées préalablement). Auprès de l’art et la matière, nous avons également pu compléter notre stock de bois de récupération permettant de créer les meubles dans le bar. Nous avons aussi récupéré différents types de matériaux légers et colorés permettant de créer un habillage pour la peau en grillage. Emmaüs, partenaire de l’Orée 85, nous a fourni quelques matériaux supplémentaires pour permettre aux étudiantes participant à l’université d’été de pouvoir tester de nombreux habillages sur notre structure.
Assemblages
La démarche de conception en réemploi nécessite aussi de se poser la question de la réemployabilité des matériaux de nos œuvres. Le bar expérimental étant, de surcroît, une structure éphémère destinée à être démontée rapidement, la question de sa démontabilité importait autant d’un point de vue conceptuel que concret. Nous avons, pour cette structure, opté quasiment uniquement pour des assemblages entièrement démontables permettant une réversibilité des matériaux et un entretien simplifié (facilité de remplacer un élément en le démontant). Cela permet également, une fois l’œuvre entièrement déconstruite, de récupérer les matériaux et de, potentiellement, pouvoir les réemployer de nouveau ailleurs. Dans un souci de simplicité constructive, nous avons réalisé une bonne partie des assemblages en colliers de serrage plastique. Bien que l’utilisation du plastique ne soit pas écologique, en utiliser une faible quantité dans le projet nous semblait, comparé à d’autres solutions, un moindre mal. Pour ce qui est des assemblages de la structure, ils ont été boulonnés pour assurer une meilleure résistance mécanique. Le seul assemblage non réversible est celui des chemins de câbles avec les parpaings enterrés, ce qui était nécessaire pour permettre une bonne assise de la structure au sol.
La conception architecturale
Hormis les choix d’habillage, la conception globale de ce projet s’est réalisée en amont de l’université d’été. Trois esquisses ont été travaillées en partant de trois types de matériaux que nous avions pu voir dans les stocks de BOMA. Portes coupe-feu, chemins de câbles et luminaires modulaires. Notre choix s’est porté sur l’esquisse en chemin de câbles pour plusieurs raisons. D’abord, nous trouvions très intéressante l’opportunité d’expérimenter l’aspect structurel des chemins de câbles. Ensuite, l’idée d’associer le grillage existant du site avec ces structures en chemins de câbles permettait de trouver une cohérence esthétique entre ces deux matériaux. Enfin, les chemins de câbles en acier électro-galvanisé permettaient d’avoir une certaine résistance aux intempéries. Surtout comparés aux portes coupe-feu, faites de bois aggloméré et se comportant comme des éponges. Une fois l’esquisse validée, le projet pouvait rentrer dans une phase de conception formelle plus précise. Nous avons, dans un premier temps, quantifié les chemins de câbles pour savoir de quelle quantité de matériaux nous disposions. Après avoir travaillé différents types d’agencement du bar, nous sommes partis sur une forme dérivée du S et également inspirée du Yin et Yang chinois. Cette forme nous permettait d’avoir un espace pour le bar avec un comptoir qui se transforme progressivement en assises. Pour optimiser l’utilisation des éléments de réemploi, nous avons travaillé le design de cette forme en utilisant un algorithme qui permettait de définir les hauteurs des structures en fonction des quantités disponibles et du tracé du bar. Cela permettait de travailler le projet formellement tout en gardant une vision des quantités de matériaux que nous avions à disposition. Ce design paramétrique a permis d’ajuster la forme et de l’optimiser pour qu’elle corresponde le mieux au contexte et à nos ressources.
Ateliers de conception
Le chantier s’est articulé autour de cinq groupes de trois étudiantes qui changeaient d’activité chaque journée. Les participantes ont pris part à la conception en définissant plus précisément certains assemblages, en concevant le mobilier du bar et en réfléchissant à l’habillage du grillage.
Nous avons aussi organisé de grands moments d’échanges, pour discuter de certains aspects de la conception ou débattre de sujets plus théoriques (la pratique architecturale, le réemploi ou encore la place des femmes dans l’architecture écologique…).
Vie collective
Chaque jour, un groupe était chargé, le matin, de préparer le repas collectif du midi. Certains jours, BOMA et l’Orée 85 nous ont offert le repas pour faciliter la vie de chantier.
Merci à l’Orée 85 de nous avoir accueillis si chaleureusement pendant ces deux semaines d’expérimentation.
Merci à l’ADEME et l’Eurométropole de Strasbourg d’avoir financé ce projet.
Merci à BOMA pour la collaboration.
Et un grand merci aux étudiantes qui ont participé à ces deux semaines de workshop.